Le silence des invalides
En ce 2 décembre, jour qui marque le 220ᵉ anniversaire de la victoire d’Austerlitz, la France se souvient. Sous la coupole des Invalides repose l’Empereur, entouré du silence des siècles. À cette occasion, les Saint-Cyriens viennent souvent y chanter leur hymne, La Galette, comme une prière de fidélité murmurée au passé, à celui qui fonda leur école. J’ai voulu, à mon tour, saluer ce lieu où l’histoire s’incline devant la mémoire, où la pierre, la lumière et le silence composent un même chant d’éternité.
Sous les cieux endeuillés d’un hiver triste et bas,
La cour d’honneur se dresse en noble symétrie,
Ses arches, dans le soir, témoignent de toutes ces vies,
Offertes à la Patrie au cœur de ces combats.
La lumière en déclin cède place à la lune,
Ses reflets argentés s’allongent sur les dalles,
Et ces prières qui montent se mêlent à la brume
A l’orgue qui sanglote dans la haute cathédrale.
Ô dôme souverain, gardien des rêves morts,
Tes voûtes se referment sur le murmure des âmes,
Et ton éclat lointain, dans l’obscur qui dévore,
Irradie en secret la flamme de tous ces drames.
Les canons immobiles, fantômes du fracas,
Dressent leurs longs regards vers l’ombre des batailles,
Comme pour implorer, dans l’immense sabbat,
Une paix éternelle au-delà des rafales.
Et là, sous ces murailles, où l’histoire s’endort,
S’alignent des couloirs aux formes solennelles,
C’est un lieu qui raconte des luttes éternelles,
Des souvenirs sans fin, au reflet de la mort.
Le vent tourne, emportant l’image des colonnades,
Il soulève des chants, des cantiques oubliées,
Et l’écho d’un clairon, aux notes de parade,
Flotte, étrange et brisé, dans la nuit étoilée.
Voyez ces vieux soldats, l’âme lourde et meurtrie,
Appuyés sur leurs cannes, ils marchent avec lenteur,
Ils chuchotent à mi-voix, et parlent avec douceur,
ls prient pour leurs frères d’armes, aujourd’hui endormis.
Les feuilles, dans leur chute, couvrent l’ancien parvis,
Le givre en dentelures habille les statues,
Et la coupole brille, îlot d’or adouci,
Sous le souffle glacé des étoiles émues.
Ô temple de mémoire, ô sanctuaire très saint,
Tu célèbres nos morts, tu leur offres le temps
Que leurs noms déclamés qui résonnent dans l’air,
Viennent apaiser nos pleurs, atténuer nos chagrins.
Sous le ciel hivernal, l’Hôtel veille en silence,
Sentinelle des braves, témoin des jours anciens,
Et son dôme éclatant, dans sa noble présence,
Rappelle aux cœurs vivants l’éternité des liens.


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