Journée mondiale du refus de la misère : une exigence d’humanité
Parmi ces millions de visages, plus de 330 000 personnes sont sans domicile. Ce ne sont pas des chiffres, ce sont des femmes et des hommes qui, chaque soir, cherchent un abri, un peu de chaleur, un peu d’humanité. Certains y parviennent, d’autres non. Et chaque année, plus de 700 d’entre eux meurent dans la rue, dans une indifférence qui devrait nous hanter. Mourir dans l’abandon le plus complet, dans une société comme la nôtre, c’est une négation de ce que nous prétendons être : une République fondée sur la fraternité.
La pauvreté n’est pas une fatalité.
Elle n’est pas inscrite dans le destin des nations, encore moins dans celui des individus. Elle est le produit de choix que nous faisons collectivement, et d’injustices que nous tolérons. Refuser la misère, c’est refuser l’injustice. C’est affirmer haut et fort que la dignité humaine est un droit inaliénable, qui ne saurait être marchandé. Ce combat pour l’égale dignité, le père Joseph Wresinski l’a porté avec une force inébranlable. Geneviève de Gaulle Anthonioz, dans la droite ligne de son engagement résistant, en a fait un devoir impérieux pour notre démocratie.
Mais ces figures exemplaires, aussi inspirantes soient-elles, ne suffisent pas. Leur combat doit devenir le nôtre. Car il ne s’agit pas seulement d’un devoir moral, mais d’une exigence politique, sociale et républicaine. Une société qui tolère la misère abdique une part de son humanité.
Agir, c’est refuser l’inaction.
Garantir un toit à chacun n’est pas une utopie. C’est une obligation que nous avons envers nous-mêmes. Assurer un revenu minimum décent, c’est préserver la dignité de ceux qui travaillent et de ceux qui ne le peuvent plus. Offrir un accès universel à la santé et à l’éducation, c’est créer les conditions d’une justice sociale réelle. Cela nécessite des moyens, bien sûr, mais ce sont des moyens que nous pouvons mobiliser, si nous en avons la volonté.
Refuser la pauvreté, c’est aussi un appel à chacun. Car le combat pour l’humanité ne se limite pas aux lois ou aux budgets. Il commence dans nos regards, dans nos gestes, dans notre capacité à ne pas détourner les yeux devant la souffrance d’autrui. La fraternité républicaine n’est pas une incantation. Elle est une action.
Le 17 octobre n’est pas une simple commémoration.
C’est un appel. Un appel à la conscience, à l’engagement, à la justice. Derrière chaque chiffre se cache une vie, une dignité blessée, mais aussi un espoir. Car la pauvreté, aussi accablante soit-elle, peut être vaincue. Nous savons ce qu’il faut faire. La question est de savoir si nous aurons le courage de le faire.
La République ne saurait s’accommoder d’un monde où certains meurent d’abandon tandis que d’autres vivent dans l’abondance. Elle nous engage, tous, à construire une société plus juste, où personne n’est laissé de côté. Car, comme le rappelait si justement Albert Camus, “mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde”. Aujourd’hui, refusons l’injustice. Refusons l’indifférence. Et affirmons ensemble que la misère n’a pas sa place dans une société digne de ce nom
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