S’appuyer sur l’intelligence et l’énergie des plus pauvres pour éradiquer la grande pauvreté





Le Conseil économique, social et environnemental (Cese) a adopté le 26 juin dernier un avis intitulé «Éradiquer la grande pauvreté à l’horizon 2030 », qui présente 25 mesures précises.

Marie-Hélène Boidin-Dubrule et Stéphane Junique, rapporteurs de l’avis considèrent « Il y a urgence, il nous reste une dizaine d’années pour atteindre le premier des 17 Objectifs de développement durable adopté par l’ONU et en France : éradiquer la grande pauvreté sous toutes ses formes à l’horizon 2030 ».

A l’occasion de l’adoption de l’avis en assemblée plénière, de nombreux membres du Cese ont évoqué le rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » présenté le 11 février 1987 par JosephWresinski, fondateur d’ATD Quart Monde. 


Adopté il y a 32 ans, ce rapport mettait l’accent sur le cumul des précarités et sur l’interdépendance croissante des domaines de vie caractéristiques des situations de grande pauvreté, et sur la nécessité d’apporter une réponse globale à ces situations. A l’époque, il préconisait l’adoption d’une législation sur un revenu minimum d’insertion qui verra le jour avec la création du Revenu Minimum d’Insertion. Il proposait enfin une approche qualitative liant la pauvreté à la difficulté d’exercer ses droits fondamentaux et faisait ainsi le lien entre grande pauvreté et violation des droits de l’homme. Mais l’essentiel c’est qu’il s’appuyait sur l’expérience de ce que vivaient les familles et de nombreux passages reprenaient les dialogues des personnes en situation de grande pauvreté.

8 ans plus tard, le rapport d’évaluation des politiques publiques de lutte contre la pauvreté présenté en 1995 par Geneviève de GAULLE ANTHONIOZ devant le Conseil Economique et Social présente à nouveau l’originalité d’avoir été réalisé en prenant en compte le point de vue des personnes en situation de grande précarité. Et la loi d’orientation et de lutte contre les exclusions du 29 juillet 1998, dont l’objectif est de garantir l’accès de tous aux droits fondamentaux, a porté la marque de l’approche de la grande pauvreté et de l’exclusion propre à ATD Quart Monde.


Si le nouveau rapport adopté il y a quelques jours, recommandent la création d’un revenu minimum social garanti (RMSG), qui se substituerait à sept des huit minima sociaux existants, il préconise de co-construire réellement les politiques de lutte contre la grande pauvreté avec les personnes concernées. C’est une dimension essentielle et incontournable sur laquelle les rapports adoptés à nouveau en 2003 « l’accès de tous auxdroits de tous par la mobilisation de tous » puis en 2015 « une école de la réussite pour tous » s’appuient, considérant que les politiques publiques doivent s’appuyer sur l’intelligence et l’énergie des personnes les plus pauvres.

Une fois encore, ce rapport consacre une nouvelle fois la fonction de caisse de résonance du Palais d’Iéna « assemblée de la société civile  » pour faire entendre la parole des plus défavorisés  et des principes essentiels devant inspirer une loi, un dispositif, une politique publique, et avancer nombre de propositions de mesures concrètes articulées autour d’une approche globale des situations d’exclusion.



Retrouvez l'interview des deux rapporteurs du CESE




Commentaires

Articles les plus consultés