Quelles solutions pour améliorer
l'accompagnement et la protection des personnes sans domicile?
Publié sur Atlantico le 1er mars 2018
Au moment où plusieurs milliers de
bénévoles se sont lancés dans les rues de la Capitale à la rencontre des
personnes sans domicile dans la perspective de les recenser, la controverse est
à son comble. Et pour cause, depuis le 1er janvier, plus de vingt
personnes sont décédées en Ile de France en raison du froid sévère qu’il règne
et aussi, de notre incapacité collective à trouver des solutions appropriées et
respectant la dignité de chaque être humain.
Louis Gallois, à la tête de la fédérationqui regroupe les 900 associations engagées dans la lutte contre la pauvreté,
s’en est publiquement ému dans le Journal du Dimanche en dénonçant cette
volonté de minorer le nombre de personnes n’ayant pas de toits alors même qu’il
est estimé à près de 3000 femmes et hommes qui vivent dans les rues de Paris
sur les 150 000 sans domicile dans notre pays.
Depuis 18 ans, le collectif « lesmorts dans la rue » fait savoir que vivre à la rue mène à unemort prématurée – un peu moins de cinquante ans dans la rue - en dénonce les
causes et veille à la dignité des obsèques et à l’accompagnement des proches.
Dans son dernier rapport annuel, il considère que près de 13 000
personnes sans domicile sont décédées sur les 4 dernières années, soit un
chiffre comparable aux « morts sur la route » !
Cette « nuit de la solidarité »
- qu’il faut saluer - témoigne une fois de plus de la générosité et de la
mobilisation des « anonymes » mais peut-elle inverser la situation,
soixante-quatre ans après l'appel de l'Abbé Pierre.
Que reste-t-il de
« l'insurrection de la bonté » où résonne encore cette voix et
cette supplique « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange,
reprends espoir, ici on t'aime ». Comment peut-on accepter que plus de 70%
des demandes adressées au 115 reçoivent une réponse négative en dépit du nombre
de places d'hébergement qui a encore augmenté cet hiver de près de 14000
places ?
A l’heure des nouvelles technologies, des
réseaux sociaux et de la géolocalisation le temps est venu de conjuguer la
générosité à la puissance « bénéfique » des solutions digitales. Des
applications comme « Homeless », « conneXion »,
« Entourage » développées dans ce but ont comme finalités de créer
les liens et les communautés au service des plus démunis et dans le respect de
leur dignité.
Mais ce n’est pas suffisant, car toute
personne a sa fierté, son estime de soi et veut être respectée… et lorsque l’on
vit dans la rue, on est méfiant ! Dans notre pays, « Patrie des
Droits de l’Homme », exemplaire dans de multiples opérations faisant appel
à la générosité du public – Téléthon, pièces jaunes, lèpre, sidaction, cancer,…
– les énergies et les bonnes volontés sont là et perdurent.
Mais la misère, toujours présente,
continue ses ravages. Alors, le temps est venu d’agréger les forces vives de la
puissance publique, des associations, des fondations d’entreprises et des
millions de bénévoles, engagés dans ce combat. Pourquoi ne pas s’appuyer sur
les méthodes en matière de conception numérique comme le « design
thinking » (conception) ou le « design sprint » (fabrication de
prototype) ?
Ces méthodes reconnues dans l’économie
digitale consistent à identifier le « vrai » sujet à résoudre, à
analyser son environnement, à provoquer l’innovation, à matérialiser et
prototyper dans un délai contraint les solutions pour produire ensuite à grande
échelle. Leur succès repose sur le travail collaboratif où l’intelligence du
groupe est au cœur de la démarche.
Ne pourrions-nous pas nous en inspirer
davantage pour réunir, guider l’ensemble des acteurs concernés et réussir dans
cette œuvre collective ?
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