Nelson Mandela : une vie consacrée à l’égale dignité et la fraternité
Pendant 95 ans, Nelson Mandela a consacré son existence pour le respect de l’égale dignité et de la fraternité. Ses prises de paroles sont fortes et
restent gravées dans la mémoire :
- Lors de son procès en 1964
- A l’occasion de sa sortie de prison 27 plus tard en 1990
- L’attribution du prix Nobel de la Paix en 1993
- Son investiture présidentielle en 1994
Lorsqu’il accède à la présidence de l’Afrique du Sud, le 10
mais 1994, il prononce un discours historique devant 60 000 personnes.
- Lors de son procès en 1964
- A l’occasion de sa sortie de prison 27 plus tard en 1990
- L’attribution du prix Nobel de la Paix en 1993
- Son investiture présidentielle en 1994
« Majestés, Altesses, invités distingués, camarades et
amis,
Aujourd'hui, nous tous, par notre présence ici et par nos
célébrations dans d'autres régions de notre pays et du monde, nous conférons
gloire et espoir à une liberté tout juste née.
De l'expérience d'un désastre humain inouï qui a duré beaucoup trop longtemps, doit naître une société dont toute l'humanité sera fière.
De l'expérience d'un désastre humain inouï qui a duré beaucoup trop longtemps, doit naître une société dont toute l'humanité sera fière.
Nos actions quotidiennes, en tant que simples Sud-Africains,
doivent susciter une réalité sud-africaine concrète qui renforcera la foi de
l'humanité en la justice, confirmera sa confiance en la noblesse de l'âme
humaine et maintiendra tous nos espoirs envers une vie glorieuse pour tous.
Tout ceci, nous le devons tant à nous-mêmes qu'aux peuples
du monde qui sont si bien représentés ici, aujourd'hui.
Je n'hésite pas à dire à mes compatriotes que chacun d'entre
nous est aussi intimement attaché à la terre de ce beau pays que le sont les
célèbres jacarandas de Pretoria et les mimosas du bushveld.
Chaque fois que l'un d'entre nous touche le sol de ce pays,
nous ressentons un sentiment de renouveau personnel. L'humeur nationale change
avec les saisons. Nous sommes mus par un sentiment de joie et d'euphorie
lorsque l'herbe verdit et que les fleurs s'épanouissent.
Cette unité spirituelle et physique que nous partageons tous
avec cette patrie commune explique l'intensité de la douleur que nous avons
tous portée dans nos cœurs lorsque nous avons vu notre pays se déchirer dans un
conflit terrible, et lorsque nous l'avons vu rejeté, proscrit et isolé par les
peuples du monde, précisément parce qu'il était devenu la base universelle de
l'idéologie et de la pratique pernicieuse du racisme et de l'oppression
raciale.
Nous, le peuple d'Afrique du Sud, nous sentons profondément
satisfaits que l'humanité nous ait repris en son sein, et que le privilège rare
d'être l'hôte des nations du monde sur notre propre terre nous ait été accordé,
à nous qui étions hors-la-loi il n'y a pas si longtemps.
Nous remercions tous nos distingués invités internationaux
d'être venus prendre possession avec le peuple de notre pays de ce qui est,
après tout, une victoire commune pour la justice, la paix, la dignité humaine.
Nous sommes sûrs que vous continuerez à être à nos côtés
lorsque nous aborderons les défis de la construction de la paix, de la
prospérité, de la démocratie, et que nous nous attaquerons au sexisme et au
racisme.
Nous apprécions infiniment le rôle qu'ont joué les masses de
nos concitoyens et leurs dirigeants politiques, démocratiques, religieux,
féminins, jeunes, économiques, traditionnels et autres pour parvenir à cette
conclusion. Et parmi eux se trouve notamment mon second vice-président,
l'honorable Frederik Willem De Klerk.
Nous aimerions également rendre hommage à nos forces de
sécurité, tous grades confondus, pour le rôle distingué qu'elles ont joué en
protégeant nos premières élections démocratiques et la transition vers la
démocratie des forces sanguinaires qui refusent toujours de voir la Lumière.
Le temps est venu de panser nos blessures.
Le moment est venu de réduire les abîmes qui nous séparent.
Le temps de la construction approche.
Nous avons enfin accompli notre émancipation politique. Nous
nous engageons à libérer tout notre peuple de l'état permanent d'esclavage à la
pauvreté, à la privation, à la souffrance, à la discrimination liée au sexe ou
à toute autre discrimination.
Nous avons réussi à franchir le dernier pas vers la liberté
dans des conditions de paix relative.
Nous nous engageons à construire une paix durable, juste et
totale.
Nous avons triomphé dans notre effort pour insuffler
l'espoir dans le cœur de millions de nos concitoyens. Nous prenons l'engagement
de bâtir une société dans laquelle tous les Sud-Africains, blancs ou noirs,
pourront marcher la tête haute sans aucune crainte au fond de leur cœur,
assurés de leur droit inaliénable à la dignité humaine - une nation
arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde.
Comme gage de son engagement dans le renouveau de notre
pays, le nouveau gouvernement transitoire d'unité nationale examinera, comme
cas d'urgence, la question de l'amnistie pour plusieurs catégories de
concitoyens qui purgent actuellement des peines d'emprisonnement.
Nous dédions ce jour à tous les héros, hommes et femmes, de
ce pays et du reste du monde qui ont sacrifié, de diverses manières, et mis en
jeu leur vie afin que nous puissions être libres. Leurs rêves sont devenus
réalité. La liberté est leur récompense.
Nous sommes à la fois rendus modestes et exaltés par
l'honneur et le privilège que vous, citoyens d'Afrique du Sud nous avez
conféré, en tant que premier président d'un gouvernement uni, démocratique,
non-racial et non-sexiste, de conduire notre pays hors de la vallée des
ténèbres.
Nous comprenons bien qu'il n'y a pas de voie facile vers la
liberté. Nous savons bien que nul d'entre nous agissant seul ne peut obtenir la
réussite. Nous devons donc agir ensemble en tant que peuple uni, pour la
réconciliation nationale, pour la construction de la nation, pour la naissance
d'un nouveau monde.
Que la justice soit présente pour tous !
Que la paix soit là pour tous !
Que le travail, le pain, l'eau et le sel soient à la disposition
de tous!
Que chacun sache cela, car tant le corps que l'esprit et
l'âme ont été libérés pour leur plein épanouissement!
Que jamais, au grand jamais ce beau pays ne subisse
l'oppression de l'un par l'autre et ne souffre l'indignité d'être le pestiféré
du monde.
Que règne la liberté ! Le soleil ne se couchera jamais sur
une réussite humaine si glorieuse.
Dieu bénisse l'Afrique.
Merci.
Nelson Mandela, le 10 mai 1994 »
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